Immobilier : des ventes prévues en baisse durable, contrairement aux prix
Article du Figaro, par Jean-Bernard Litzler du 16/07/2020
Selon les prévisions du groupe bancaire BPCE, la crise sanitaire fera plonger les volumes de ventes immobilières au moins jusqu’en 2021. Les prix quant à eux pourraient se maintenir.
Et si la baisse des prix immobiliers attendue par de nombreux acheteurs ne se matérialisait pas? Malgré les scénarios noirs qui commencent à se dessiner, certains spécialistes estiment que les prix ne pourraient être affectés que très marginalement par la crise sanitaire. C’est le cas du scénario que vient de présenter Alain Tourdjman, directeur des études et de la prospective du groupe bancaire BPCE. «La solvabilité des ménages se construit par le crédit bien plus que par les revenus, explique-t-il, or les taux devraient se maintenir à des niveaux historiquement bas.»
Loin de nier le fait que les restrictions dans l’attribution des crédits immobiliers vont faire sortir du marché les ménages les plus modestes et donc réduire la demande, l’économiste estime que cette situation aura un impact limité sur les prix. Les ménages les plus touchés par la situation achètent généralement en zone peu tendue où les prix sont déjà bien plus faibles. A contrario, ceux qui ont continué à animer le marché disposent de revenus plus confortables et achètent des bien plus coûteux. Par ailleurs, Alain Tourdjman estime que comme durant la crise de 2008, l’immobilier se montre plus résilient que la bourse. Un phénomène qui conforte l’image de la pierre comme valeur refuge et devrait limiter les anticipations de recul de prix et, surtout, écarter le risque d’une baisse brutale.
Seulement 850.000 ventes attendues en 2021
Toujours sur leur lancée, les prix dans l’ancien devraient encore afficher une hausse annuelle de 3% selon BPCE. Il faudra attendre 2021 pour une (légère) correction des prix, soit -2%, fruit de l’incertitude économique et des «anticipations autoréalisatrices». Du côté du neuf, l’étude table sur une quasi-stabilité en 2020 (+1%) et le même repli que pour l’ancien (-2%) en 2021. C’est du côté du marché locatif, que l’impact pourrait être le plus fort. «Une vigilance particulière est à porter aux secteurs les moins tendus, où la production de logements a été très stimulée par les dispositifs de défiscalisation au gré des zonages», souligne l’étude qui craint une perception moindre des loyers et des emprunteurs potentiellement en difficulté s’ils perdent leur emploi.
Mais c’est du côté des volumes de vente et de construction que l’impact sera le plus violent. Il était clair dès le confinement que 2020 marquera un net recul des transactions dans l’ancien et de la construction. S’alignant sur diverses projections, l’étude table sur 100.000 mises en chantier de moins qu’en 2019, soit une perte d’un quart (-24%). Une chute quasiment similaire est attendue pour l’ancien (-23%) avec seulement 820.000 transactions prévues, un an après avoir franchi le million. Mais, surtout, l’étude table sur un niveau tout à fait comparable de ventes en 2021, soit 850.000 ce qui induirait une véritable «rupture de tendance». Et ce n’est pas le léger rebond du neuf attendu en 2021, grâce au soutien des institutionnels et des bailleurs sociaux, qui devrait changer la donne.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.