Le gouvernement a réussi à publier, en catastrophe avant sa censure, un décret et un arrêté sur les règles pour MaPrimeRénov’. À la clé une bonne et une mauvaise nouvelles.
Article du Figaro - Par Guillaume Errard - 07/12/2024
Pas de gouvernement et pas de budget. La France replonge dans le chaos. Côté immobilier, les interrogations fusent, dans ce contexte incertain: les prix vont-ils chuter? Les taux de crédit vont-ils s’envoler? La rénovation énergétique livre aussi son lot d’inquiétudes. Car, le 1er janvier 2025, les logements classés G (sur le Diagnostic de performance énergétique) seront interdits à la location. Seuls les propriétaires qui changent de locataire sont concernés.
À moins d’un mois de cette échéance, le stress monte chez les bailleurs. Et les questions fusent. Notamment une: les règles pour MaPrimeRénov (MPR), l’aide publique qui finance les travaux de rénovation énergétique et qui a fait l’objet d’une vaste escroquerie, vont-elles changer en 2025? La réponse est non. Si vous possédez une passoire thermique (DPE F ou G) et que vous changez vos fenêtres ou votre chauffage (c’est-à-dire un «monogeste»), vous pourrez continuer de bénéficier de MaPrimeRénov’ en 2025, selon un décret et un arrêté publiés en catastrophe le 4 décembre au Journal officiel, juste avant la chute du gouvernement Barnier. Pour les monogestes, les passoires thermiques ne seront donc plus éligibles à MPR, non plus le 1er janvier 2025 mais le 1er janvier 2026. Idem pour l’obligation de fournir un DPE.+
Une bonne nouvelle pour les ménages car les rénovations par geste sont plébiscitées par les Français: 172.878 dossiers déposés contre 70.601 demandes de rénovation globales, selon le dernier rapport de l’Agence nationale pour l’habitat (chiffres arrêtés au 3e trimestre 2024). «C’est une bonne nouvelle car, dans le contexte actuel, on aurait pu craindre un énième retour en arrière du gouvernement pour interdire les monogestes dans le cas de passoires thermiques», a réagi Audrey Zermati, directrice stratégie d’Effy, spécialiste en rénovation énergétique, qui souligne que l’aide MPR pour une rénovation globale s’élève tout de même à 37.000 euros en moyenne. «Maintenir les monogestes est une erreur car la dynamique est en faveur des rénovations globales depuis le début de l’année (voir ci-dessous)», rétorque Jean-Régis de Vauplane, directeur commercial et marketing d’Ithaque, autre expert de la rénovation énergétique.
Mais cette bonne nouvelle en cache une mauvaise. Les aides pour financer l’achat d’une chaudière, insert ou poêle à bois (bûches ou granulés) vont baisser. Et ce, pour l’ensemble des Français, qu’ils soient modestes ou aisés. Un arbitrage «équilibré», qualifie la désormais ministre démissionnaire du Logement, Valérie Létard. «Une baisse de 50% des aides au chauffage biomasse devait être actée. J’ai écouté la filière et obtenu que la baisse soit limitée à 30%. Ce n’est pas parfait mais c’est un effort supplémentaire de l’État pour continuer à développer une énergie non émettrice de CO2 et peu chère donc favorable au pouvoir d’achat des ménages», explique la ministre. Des propriétaires très modestes souhaitant acquérir une chaudière à granulés perdront ainsi 2000 euros d’aide, MaPrimeRénov passant de 7000 à 5000 euros. La part financée par l’État, pour ces populations, passera par ailleurs de 70% à 50%.
Les plus aisés, aussi, seront pénalisés par la volonté du gouvernement de réaliser des économies, en ces temps incertains. En cas de rénovation globale, la part financée par l’État sera abaissée de 30% à 10% si les travaux permettent de faire baisser le DPE de deux lettres et de 35% à 15% pour les sauts de 3 classes. Pas de changement en revanche, pour les rénovations «mono gestes». «Là encore, le calcul du gouvernement n’est pas bon. Même si 6% des aides MPR sont versées aux ménages aisés (10% des dossiers), ces derniers possèdent plus de la moitié du parc immobilier», déplore Jean-Régis de Vauplane. «C’est un moindre mal car au moins, les particuliers ont une visibilité sur la baisse de ces aides», estime de son côté Audrey Zermati qui redoute que le budget de MaPrimeRénov continue de baisser. «Malgré la dissolution, la demande a atteint un pic au troisième trimestre 2024 qui a été meilleur que les deux premiers cumulés.»
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